Par Oumar THIAM, juriste , activiste de la société civile guinéenne et analyste Politique.
il est temp de rétablir certaines vérités, car le silence complice et l’amnésie sélective ne doivent jamais prendre le pas sur l’histoire réelle des souffrances d’un peuple. Il faut rappeler à Souleymane Souza, avec fermeté mais lucidité, que la seule personne ayant véritablement travesti la mémoire des victimes des violences politiques en Guinée, c’est bel et bien Cellou Dalein Diallo. Celui que certains continuent d’ériger en martyr ou en icône de l’opposition n’est en réalité qu’un rouage parfaitement huilé d’un système de compromissions, de trahisons et de duplicité politique.
Comment peut-on aujourd’hui brandir le nom de Cellou comme symbole de la lutte pour la justice et la vérité, alors même que ce dernier a troqué en toute conscience les douleurs d’un peuple contre des enveloppes bien remplies ? Il est de notoriété publique – et les faits sont là pour le prouver – que Cellou Dalein Diallo a accepté, à plusieurs reprises, de l’argent de la part d’Alpha Condé, sous couvert de « compensation » pour les pertes subies lors des manifestations. Mais quelle compensation pourrait laver le sang versé ? Quel prix peut-on mettre sur les vies arrachées, sur les rêves brisés, sur les corps meurtris ? En acceptant cet argent, Cellou n’a pas seulement trahi les siens – il a banalisé la souffrance, il a mis un tarif sur l’injustice, il a cautionné l’impunité.
Aujourd’hui, ironie cruelle de l’histoire, l’homme qui se présentait comme l’adversaire irréductible du régime Condé en est devenu l’allié. Complice silencieux hier, partenaire assumé aujourd’hui. Ce retournement d’alliance n’est pas seulement une stratégie politicienne parmi tant d’autres ; il est la preuve vivante que l’opposition guinéenne, telle que symbolisée par Cellou Dalein, a cessé depuis longtemps d’incarner les espoirs de changement. Le parti qu’il dirige n’est plus qu’une façade, une coquille vidée de sa substance, une machine redoutable dédiée à la corruption, à l’extorsion de fonds, et à la manipulation des masses.
Il faut dire les choses telles qu’elles sont : Cellou Dalein Diallo a dénaturé l’UFDG. Ce parti, jadis porteur d’une certaine idée de l’opposition, est aujourd’hui défiguré, transformé en boutique politique où la loyauté se monnaie, où les postes s’arrachent, où les financements détournés alimentent un réseau d’influence opaque. Il ne s’agit plus de servir les intérêts du peuple, mais bien de garantir les privilèges d’une élite politique déconnectée de la réalité. La morale, l’éthique, la mémoire des martyrs ne pèsent plus rien dans cette entreprise politicienne où le cynisme est roi.
Ce que Souza doit comprendre – et tous ceux qui persistent à défendre l’indéfendable – c’est qu’il ne suffit pas de brandir des discours flamboyants ou de jouer sur l’émotion populaire pour faire oublier les actes posés. La mémoire des victimes ne se gère pas comme une transaction comptable. On ne répare pas un deuil collectif avec des espèces sonnantes et trébuchantes. On ne réconcilie pas une nation en jetant dans les bras l’un de l’autre ceux qui ont tué et ceux qui ont souffert.
Le peuple guinéen mérite mieux que cette comédie politique où les anciens ennemis deviennent alliés au gré des opportunités. Il mérite une opposition digne, intègre, sincère. Il mérite que ceux qui se réclament de la souffrance des autres ne soient pas les premiers à la trahir pour un strapontin. Il mérite qu’on respecte sa mémoire, qu’on respecte ses morts, qu’on respecte sa quête de justice.
Alors oui, rappelons à Souleymane Souza et à tous ceux qui veulent falsifier l’histoire récente de notre pays : ce n’est pas nous qui avons tourné le dos aux victimes. C’est Cellou Dalein Diallo qui, le premier, a vendu leur mémoire contre des arrangements politiques et des faveurs personnelles. Et cela, ni le temps, ni les alliances, ni les discours ne pourront l’effacer.
Par Oumar THIAM, juriste , activiste de la société civile guinéenne et analyste Politique.