Affaire Zotov-Kanté : Un appel interjeté pour faire toute la lumière sur un litige minier d’envergure
Le contentieux judiciaire opposant l’homme d’affaires russo-guinéen Alexandre Zotov à l’ancien ministre Ahmed Kanté connaît un nouveau tournant. Insatisfaits du jugement rendu en première instance par le tribunal de Kaloum, les avocats de M. Zotov ont interjeté appel, estimant que de nombreuses incohérences et contradictions entachent la décision.
Au cœur de l’affaire, un projet minier de grande importance nationale que M. Zotov, propriétaire de la société ABC et fondateur de plusieurs entités opérant sous la bannière de la maison mère ABC, affirme avoir entièrement financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars. Selon les pièces versées au dossier, M. Zotov aurait enrôlé Ahmed Kanté, expert reconnu dans le domaine minier, en tant que consultant pour piloter le projetMais les choses prennent une tournure inattendue : selon l’accusation, Ahmed Kanté, avec la complicité présumée de deux ressortissants étrangers, Claude Lorcy et Philippe Roger, aurait utilisé son accès privilégié aux données stratégiques du projet pour lancer en parallèle une société concurrente, au détriment de son mandant. Cette manœuvre aurait permis à M. Kanté et ses associés de se substituer illégalement à ABC dans un important partenariat conclu avec une entreprise chinoise lors d’un déplacement à Pékin.« Ce projet, fruit d’années de travail et d’investissement exclusif de M. Zotov, a été littéralement détourné par ceux qui devaient en être les serviteurs », a martelé Me Mohamed Alkhali Touré, avocat de la partie plaignante.
Il dénonce un abus de confiance manifeste : « M. Kanté n’aurait jamais pu accéder à ces données s’il n’avait pas été consultant. Or, il a utilisé ces informations à des fins personnelles pour créer une nouvelle entité et induire en erreur les partenaires chinois. »
Le résultat ? La naissance de deux structures concurrentes : AGB2A-GIC, soutenue par Ahmed Kanté, et AGB2A SD-Mining, représentant les intérêts chinois, divisant ainsi un projet initialement unifié. Ce morcellement est, selon les plaignants, la conséquence directe d’une trahison stratégique orchestrée par l’ancien ministre.
Le jugement du tribunal de Kaloum, bien que reconnaissant le rôle de consultant de M. Kanté, a selon les avocats de Zotov, omis de tirer les conséquences juridiques de cet abus de position. « Il y a eu des contradictions notoires dans la narration des faits, des rajouts inexpliqués, et une incohérence générale qui rend ce jugement injuste », déplore Me Touré.
Devant la cour d’appel, les avocats comptent démontrer, avec plus de rigueur technique, la gravité des manquements constatés en première instance, en espérant une décision plus conforme aux faits et au droit.
Au-delà du cas d’espèce, cette affaire soulève des questions sur l’état de la justice en Guinée. Me Touré interpelle les autorités de la transition : « Le CNRD a proclamé que la justice serait la boussole de la République. Mais pour que ce ne soit pas qu’un slogan, il faut engager de vraies réformes et s’attaquer aux comportements déviants de certains magistrats. »
Opinion224.com tel 622242872