
Plus de quinze ans après l’expiration de son permis d’exploitation minière, la société SHODMA peine toujours à obtenir son renouvellement, en dépit de ses multiples démarches administratives et des efforts consentis au bénéfice des populations locales dans les régions de Siguiri et Tougué.
Créée dans les années 2000, SHODMA s’était imposée comme un acteur minier à taille humaine, particulièrement engagé dans l’appui communautaire. L’entreprise avait notamment investi dans des projets d’accès à l’eau potable, de réhabilitation d’écoles primaires, et de soutien aux groupements de femmes. Plusieurs villages de la préfecture de Tougué gardent encore le souvenir de ses actions, alors que l’activité minière y est aujourd’hui presque à l’arrêt.

Un permis bloqué depuis 2010
Le permis d’exploitation de SHODMA a expiré en 2010. Depuis, l’entreprise affirme avoir déposé plusieurs demandes de renouvellement auprès des autorités compétentes, sans succès. Les raisons de ce blocage administratif restent floues. SHODMA n’apparaît pas non plus dans les listes officielles de sociétés ayant vu leur permis retiré dans le cadre de la réforme du cadastre minier annoncée en mai 2025, qui a entraîné la suppression de plus de 130 titres miniers à l’échelle nationale.

« Nous ne comprenons pas ce silence. Notre entreprise est prête à se conformer à toutes les exigences du Code minier, y compris en matière environnementale et sociale. Mais nos dossiers restent sans réponse claire depuis plus d’une décennie », déclare un responsable de la société, sous couvert d’anonymat.
Un soutien local, mais un silence institutionnel

Dans les villages concernés, les notables et chefs de districts expriment leur incompréhension. À Siguiri comme à Tougué, plusieurs responsables communautaires affirment avoir adressé des courriers de soutien aux autorités locales, demandant la réhabilitation de SHODMA, sans suite officielle.
« Ils étaient les seuls à venir nous voir régulièrement, à écouter nos besoins. Depuis leur départ, rien n’a été fait pour remplacer les services qu’ils avaient mis en place », regrette Mamadou Diaby, enseignant à Didi, dans la commune rurale de Kintinian.
Un appel à la révision des dossiers dormants
Alors que les autorités guinéennes s’engagent dans une vaste opération de régularisation du secteur minier, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à un réexamen des anciens dossiers laissés en suspens. Des ONG locales et des acteurs de la société civile estiment que des entreprises de bonne foi, comme SHODMA, devraient bénéficier d’un processus transparent de réévaluation.
« Le nettoyage du cadastre minier est nécessaire, mais il doit se faire avec discernement. Des sociétés qui ont fait preuve d’engagement local et qui souhaitent repartir sur de bonnes bases ne doivent pas être pénalisées indéfiniment », plaide une représentante d’un collectif environnemental basé à Conakry.
Tairé Balde 622242872









