Mamadi Doumbouya est un officier supérieur de l’armée guinéenne, né le 4 mars 1980 à Kankan, originaire de la région de Kouroussa. Après une formation militaire en Guinée, il poursuit son perfectionnement dans plusieurs pays, notamment en France où il sert dans la Légion étrangère, et en Israël où il est formé aux techniques spéciales d’intervention.
En 2018, il rentre en Guinée et prend la tête du Groupement des forces spéciales, une unité d’élite nouvellement créée. Il y gagne rapidement la réputation d’un militaire rigoureux, discipliné et respecté pour son sens du commandement.
Le 5 septembre 2021, Mamadi Doumbouya prend le pouvoir par un coup d’État, renversant le président Alpha Condé. Cette action intervient dans un contexte de tension politique, marqué par une contestation grandissante du troisième mandat d’Alpha Condé, des accusations de corruption, et un fort mécontentement populaire. Dans sa première déclaration, Doumbouya affirme vouloir « refonder l’État », « restaurer la confiance » et « libérer l’administration des pratiques politiques déviantes ».
Depuis sa prise de pouvoir, il met en avant des valeurs comme l’intégrité, le sens du devoir, la rigueur et le patriotisme. Il s’engage à lutter contre les détournements de fonds publics, réformer la justice, instaurer une gestion plus saine de la chose publique et promouvoir la méritocratie. Son discours insiste sur la nécessité de reconstruire une Guinée souveraine, équitable, et tournée vers le développement durable.
Plusieurs réformes ont été initiées sous sa direction : audits des ministères, relance des grands projets d’infrastructures, assainissement de la fonction publique, révision constitutionnelle et promesse de retour à l’ordre constitutionnel après la transition. Des efforts sont également visibles dans les domaines de la réconciliation nationale, de la lutte contre la corruption et de l’inclusion des jeunes dans les processus de décision.
Cependant, le processus de transition n’est pas exempt de critiques. Des voix s’élèvent, notamment au sein de la classe politique et de la société civile, pour dénoncer un manque d’inclusivité, la restriction de certaines libertés publiques et des retards dans le calendrier électoral initialement prévu. Ces inquiétudes relancent les débats sur la durabilité du processus de refondation.
Trois ans après son arrivée au pouvoir, Mamadi Doumbouya reste une figure clivante. Pour certains, il est l’homme du renouveau, porteur d’un changement de cap historique. Pour d’autres, son maintien prolongé au pouvoir pourrait fragiliser les promesses de transition et faire basculer la Guinée dans une nouvelle zone d’incertitude politique.
La réussite de cette période charnière dépendra de sa capacité à respecter ses engagements, à instaurer une gouvernance plus inclusive et à remettre le pays sur la voie démocratique. C’est à l’épreuve des faits et du temps que l’on pourra juger de la portée réelle de son projet de refondation nationale.
Thierno Mamadou Taire Balde Directeur de Publication opinion224.com journaliste philosophei