
Ce projet marque une étape cruciale dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Il intervient dans un contexte où le pays cherche à tourner la page d’une transition longue et parfois turbulente. Au-delà de sa portée juridique, ce texte est porteur d’une charge symbolique forte : celle d’un nouveau départ, d’un pacte républicain renouvelé.
Sa publication officielle ouvre un moment clé d’appropriation citoyenne. Pour moi il doit refléter les aspirations profondes du peuple guinéen : justice, équité, séparation effective des pouvoirs, et garantie de l’alternance. Le projet peut représenter une avancée majeure, a condition qu’il soit respecté dans sa lettre comme dans son esprit.
2. Pensez-vous que le problème de la Guinée est constitutionnel ?
Écoutez, je pense que c’est non et non. Pour moi, le problème fondamental de la Guinée n’est pas lié à l’existence ou au contenu des textes constitutionnels, mais à leur non-respect. Notre histoire politique est jalonnée de constitutions souvent bien rédigées, mais constamment violées ou instrumentalisées.
Ce déficit de respect des normes juridiques et constitutionnelles est la source profonde des crises récurrentes. Il traduit une crise de gouvernance, de leadership éthique et de culture démocratique. Tant que notre loi fondamentale sera utilisée comme un outil au service des intérêts du moment, aucune réforme ne produira des effets durables.
Ce n’est donc pas la qualité du texte qui est en cause, mais la volonté politique d’en faire un socle de stabilité, de justice et de redevabilité. Je pense personnellement qu’une constitution n’a de valeur que si ceux qui doivent l’appliquer en sont les premiers gardiens.
3. Comment percevez-vous la proposition d’un mandat présidentiel de 7 ans ?
Bon franchement, l’extension du mandat présidentiel de 5 à 7 ans peut, en théorie, peut avoir des effets positifs, mais elle comporte aussi des risques non négligeables. Car elle peut permettre à un président réellement engagé, patriote, et animé par le souci du développement durable de la Guinée, de mener des réformes de fond sans la pression d’un calendrier électoral court, de ce point de vue, pour moi, elle peut contribuer à la stabilité institutionnelle et au développement durable.
Cependant, dans un contexte comme celui de notre chère Guinée, où la méfiance envers le pouvoir central reste vive, cette proposition peut être interprétée comme une tentative d’allongement du règne, surtout si elle n’est pas accompagnée de garanties solides sur la limitation stricte à deux mandats et le renforcement des contre-pouvoirs.
L’intangibilité proclamée de la limite des mandats n’aura de sens que si elle est respectée dans les faits, sans manœuvres politiques ou révisions opportunistes. Dans le cas contraire, ce serait une instabilité permanente, chose que je ne souhaite point pour notre Guinée. La durée du mandat ne doit pas être un privilège, mais un engagement au service du peuple, strictement encadré par la loi.
Par : Yatigna MANSARÉ, Président du Bureau Exécutif National du Forum National des Jeunes des Partis Politiques de Guinée ( FONAJEP-Guinée)









